La Hiérarchie Canine

HIÉRARCHIE INTRASPÉCIFIQUE :

Organisation sociale chez le loup :

Des études effectuées sur différentes meutes de loups montrent que le concept de hiérarchie est très flou. Ces études n’ont pas pu définir un système unique à l’espèce.

Chaque meute est différente et son organisation sociale est établie selon son propre vécu et la personnalité de chaque individu.

Les études faites sur des loups en captivité ont démontré davantage de comportements agnostiques (cad agressifs) liés à l’accès de ressources.

Les loups étudiés en liberté ont permis de définir une structure familiale dans laquelle les parents éduquent les enfants jusqu’à ce qu’ils quittent le giron familial, devenant ainsi des loups solitaires avant de rencontrer à leur tour un autre loup pour fonder une nouvelle unité familiale.

La survie de la meute est le premier but de celle-ci.

La vie n’est pas une bataille pour assurer la pérennité d’un statut.

Par exemple, l’accès à l’alimentation est fluctuant en fonction des impératifs de nourrissage de petits, de l’abondance ou non de la proie, mais pas en fonction d’un quelconque rang hiérarchique de l’individu.

De même, lors de tension sociale en période de reproduction, les loups en âge de se reproduire quittent le groupe pour en fonder un autre, évitant ainsi les conflits qui pourrait mettre à mal la survie de la famille.

La hiérarchie chez le loup, est donc tributaire du milieu, non établie par la motivation, et surtout liée à l’âge et au sexe des membres du groupe. Elle est contextuelle et non rigide.

On ne le rappellera jamais assez : le chien n’est pas un loup.

La domestication est un processus par lequel une population d’animaux s’adapte à l’homme et à l’environnement captif par des mutations génétiques. C’est une notion

différente de l’apprivoisement qui concerne des animaux sauvages et qui le restent.

Même si les chiens et les loups ont le même nombre de gênes, des mutations génétiques importantes au cours de l’évolution ont non seulement modifié le phénotype, mais aussi la biologie du comportement.

Même si chiens et loups peuvent présenter des comportements similaires, ils n’ont pas le même but.

Ex la séquence de prédation chez le loup a pour but de se nourrir, chez le chien, la plupart du temps elle est motivée par le jeu.

Certains comportements sont complètement différents chez le loup et le chien.

L’apparition de la peur se manifeste à 19 j chez le loup contre 49 j chez le chien.

Le chien interroge sans arrêt son maître du regard alors que le loup ne regarde pas l’homme dans les yeux…

Les études menées sur les chiens féraux (retour à l’état sauvage d’un animal domestiqué) montrent que ces chiens ne redeviennent pas des loups.

Les chiens féraux peuvent vivre en groupe sur un même territoire et restent à proximité d’humains. Il n’y a pas de coalition pour la chasse. La féralité n’annule pas la domestication.

Organisation sociale du chien domestique :

De nombreuses études scientifiques effectuées sur des groupes de chiens vivant ensemble de façon permanente n’ont pas pu prouver qu’une hiérarchie intraspécifique existait au sein de l’espèce.

Cela ne veut pas dire que ces chiens ne présentent pas de relations de dominance/subordination, ni de comportements de compétition. Cela signifie que des relations intra spécifiques ne débouchent pas sur « étalonnage » stable des individus du groupe.

La domestication a fait perdre aux chiens une bonne partie de ses facultés à communiquer entre eux.

Les relations de ritualisation si importante chez le loup pour éviter les conflits (dans le but de survie du groupe) sont très nettement amoindries chez le chien familier.

Ajouter cela au manque de socialisation intraspécifique induit par le mode de vie de l’homme (qui achète son chien à 8 semaines et l’élève au milieu d’humains), ces éléments permettent de comprendre pourquoi les comportements d’agressions sont relativement fréquents chez le chien.

HIÉRARCHIE INTERSPÉCIFIQUE :

Des espèces différentes peuvent partager la même niche écologique mais ne peuvent pas être liées par une quelconque hiérarchie interspécifique du fait que les moyens de survie du groupe social ne sont pas commun (reproduction, recherche de nourriture, défense de territoire) :

les lions et les zèbres vivent sur le même territoire mais un lion ne peut pas être le chef des zèbres ! Chacun a ses propres codes de communication, sa propre vision du monde, son propre fonctionnement et ses propres relations intraspécifiques.

L’homme a tout pouvoir sur le chien : il décide quand il mange, où il vit, quand il peut faire ses besoins, à quel moment il peut rencontrer des congénères, etc.

On peut donc qualifier le chien d’éternel suiveur dépendant. Certains parlerons de leadership. On peut aussi comparer la relation Homme / chien avec celle des humains partageant une colocation.

Chaque colocation se définit par les relations de ces propres colocataires.

Les règles sont propres à elles-mêmes et peuvent être fluctuantes en fonction du moment et / ou des individus.

L’homme, lui, vit dans une société hiérarchique. Le pays est présidé par un chef d’état qui dicte ses lois auquel on doit se soumettre. Le travail, le sport, toute notre vie est basée sur la compétition, et c’est la loi du plus fort qui prédomine.

L’homme a tendance à appliquer au monde animal sa propre vision du monde et à reproduire chez le chien ce que la société fait avec lui.

De ce fait, qualifier son chien de dominant, simplifie notre problème, en nous dictant simplement d’appliquer aux chiens le modèle hiérarchique humain pour résoudre les conflits! Mais tout ce concept est pure croyance.

Le principe du « canon de Morgan » énonce qu’une activité comportementale ne doit en aucun cas être interprétée comme la conséquence d’une faculté mentale élaborée, si la même activité peut être conçue comme le fruit d’une activité mentale moins élevée.

Il existe un florilège d’idées reçues que l’homme a communément tendance à attribuer à un problème de hiérarchie mais qui finalement peuvent s’expliquer avec bien plus de simplicité (ex : le chien monte sur le canapé pour son confort et non pour prendre la place de chef de meute !).

Loin de toute idée de hiérarchie, vivre en bonne harmonie avec son chien dépend plutôt d’une bonne gestion de son environnement, des lois d’apprentissage, de la satisfaction des besoins propres et d’une bonne compréhension de la communication de chaque individu (humains et chiens) .